Comprendre, soigner et accompagner
Le Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT) est un trouble psychique résultant d’une exposition à un événement traumatisant. Les violences sexuelles, qu’elles soient subies dans l’enfance ou à l’âge adulte, constituent l’une des principales causes de ce trouble. Ces agressions laissent des traces profondes, non seulement sur le corps, mais aussi sur le psychisme de la victime, générant une souffrance durable. Cet article explore la spécificité du SSPT dans le cadre des violences sexuelles, ses manifestations, ainsi que les différentes approches thérapeutiques pour accompagner les survivant(e)s vers la guérison.
1. Comprendre le Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT)
Le SSPT est une réponse à un événement traumatique perçu comme une menace extrême pour la sécurité physique ou psychologique d’une personne. Les agressions sexuelles, par leur nature violente et envahissante, représentent un traumatisme qui peut amener la personne à se sentir impuissante, vulnérable et démunie. Le SSPT, dans ces cas, est souvent plus complexe à traiter en raison des répercussions multiples sur la personne touchée.
Les mécanismes du SSPT
Face à un traumatisme comme une agression sexuelle, le cerveau active le système de survie, générant des réactions instinctives comme la fuite, la lutte ou l’inhibition (immobilisation). Ces réponses sont régulées par le système nerveux autonome, qui réagit en fonction de la perception du danger. Lorsque la personne n’a pas la possibilité de fuir ou de se défendre, la sensation d’impuissance peut entraîner un dérèglement durable du système de survie.
Chez une personne souffrant de SSPT, ces mécanismes restent actifs bien après la fin de l’événement traumatisant. Le cerveau, qui associe désormais certains stimuli à la menace vécue, continue de réagir de manière disproportionnée, provoquant des flashbacks, des cauchemars, et une hypervigilance.
Différents types de SSPT
Le SSPT peut se manifester sous différentes formes selon la gravité du traumatisme, la durée de l’exposition et la manière dont la victime l’a intégré :
SSPT aigu : Lorsque les symptômes persistent pendant moins de trois mois après l’événement traumatique.
SSPT chronique : Les symptômes durent plus de trois mois.
SSPT complexe : Il concerne les personnes ayant subi des traumatismes multiples ou prolongés, comme dans les cas d’abus sexuels répétés durant l’enfance. Il inclut des perturbations dans la régulation émotionnelle, des difficultés interpersonnelles, et des altérations de la perception de soi.
2. Les manifestations du SSPT après des violences sexuelles
Les violences sexuelles engendrent des traumatismes multiples qui se traduisent par des symptômes à la fois physiques, psychologiques et comportementaux. Le SSPT dans le contexte des violences sexuelles est souvent accompagné de sentiments de honte, de culpabilité et de stigmatisation, ce qui complique encore la reconnaissance et la prise en charge du trouble.
Les symptômes principaux
Les victimes de violences sexuelles souffrant de SSPT peuvent présenter les symptômes suivants :
Revécu du traumatisme : La personne peut être confrontée à des flashbacks, où elle revit mentalement l’agression de façon involontaire et envahissante. Les cauchemars liés à l’événement sont également fréquents.
Évitement : Afin de se protéger de la douleur, les victimes peuvent éviter les lieux, les personnes ou les situations qui leur rappellent l’agression. Cela peut aussi inclure l’évitement des émotions et une dissociation, c’est-à-dire une déconnexion émotionnelle avec soi-même et la réalité.
Hypervigilance et anxiété : Les personnes souffrent souvent d’un état de tension constante, toujours sur le qui-vive, anticipant un danger imminent. Cela peut entraîner des troubles du sommeil, une irritabilité accrue, voire des crises de panique.
Altération cognitive et émotionnelle : La dépression, les sentiments de honte, de culpabilité et d’impuissance sont omniprésents chez les victimes. Elles peuvent également avoir une image d’elles-mêmes profondément dégradée, avec un sentiment de « souillure » ou d’indignité. Certaines peuvent aussi développer des pensées suicidaires.
Symptômes spécifiques aux violences sexuelles
Dans le cas des violences sexuelles, le SSPT s’accompagne souvent de symptômes particulièrement invalidants :
Troubles de la sexualité : Les agressions sexuelles impactent la relation à la sexualité. Certaines victimes peuvent développer une aversion pour les relations sexuelles, alors que d’autres peuvent adopter des comportements sexuels à risque dans une tentative inconsciente de réappropriation de leur corps.
Troubles somatiques : Le corps peut garder les stigmates du traumatisme sous forme de douleurs chroniques, d’insomnie ou de troubles gastro-intestinaux. Les victimes de violences sexuelles ont souvent des douleurs inexpliquées qui sont la manifestation physique de leur souffrance psychique.
Troubles dissociatifs : Certaines personnes peuvent se dissocier complètement de leurs émotions ou de leur environnement, un mécanisme de défense développé face à un traumatisme trop insupportable. Cette dissociation peut aller jusqu’à des troubles de la mémoire concernant l’agression.
3. Le processus de guérison : approches thérapeutiques du SSPT lié aux violences sexuelles
Le traitement du SSPT lié aux violences sexuelles doit être holistique, c’est-à-dire prendre en compte l’ensemble des aspects psychologiques, émotionnels et corporels. Il est essentiel que la personne retrouve un sentiment de sécurité, et que la thérapie se fasse à son rythme, dans un espace de confiance.
Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La TCC est l’une des approches les plus utilisées dans le traitement du SSPT. Elle vise à modifier les schémas de pensée négatifs et les comportements inadaptés liés au traumatisme. Dans le cadre des violences sexuelles, la TCC peut aider la victime à reconnaître et à modifier les pensées automatiques qui alimentent la culpabilité, la honte ou l’anxiété.
La désensibilisation et reprogrammation par les mouvements oculaires (EMDR) est une forme spécifique de TCC qui a fait ses preuves dans le traitement du SSPT. Elle permet de retraiter les souvenirs traumatiques de manière moins émotionnellement envahissante, en utilisant des mouvements oculaires pour stimuler les capacités d’auto-guérison du cerveau.
L’EFT permet également d’obtenir de très bon résultats dans le traitement du SSPT.
Thérapies corporelles et psycho-corporelles
Les violences sexuelles laissent souvent des traces profondes dans le corps. Les thérapies psycho-corporelles, comme la somatothérapie ou la psychologie biodynamique, visent à aider les victimes à se reconnecter à leur corps et à libérer les tensions et émotions refoulées. Ces approches sont particulièrement adaptées pour les personnes qui ont des difficultés à verbaliser leur traumatisme.
Thérapies de groupe
Participer à un groupe de soutien peut permettre aux victimes de se sentir moins seules dans leur souffrance. Le partage d’expériences au sein d’un espace sécurisé favorise la résilience et la reconstruction de la confiance en soi et en autrui.
Approches pharmacologiques
Dans certains cas, des traitements médicamenteux peuvent être proposés pour gérer les symptômes du SSPT, en particulier lorsqu’ils sont très invalidants. Les antidépresseurs ou les anxiolytiques peuvent être utilisés en complément d’une thérapie psychologique, mais ne doivent jamais être le seul traitement proposé.
4. L’importance de l’entourage et de la société
La guérison après des violences sexuelles ne peut se faire sans un environnement favorable. L’entourage, qu’il soit familial ou amical, joue un rôle crucial en offrant du soutien et en étant à l’écoute, sans jugement. Il est aussi essentiel que la société reconnaisse la gravité des violences sexuelles et offre des dispositifs adaptés pour soutenir les victimes dans leur processus de rétablissement.
Encourager la parole
Une des premières étapes de la guérison est de permettre aux victimes de parler de leur traumatisme. Cela peut se faire dans un cadre thérapeutique ou au sein de groupes de parole, mais il est également essentiel que la société crée des espaces où la parole des victimes est écoutée et respectée.
Conclusion
Le SSPT lié aux violences sexuelles est un trouble profondément invalidant qui affecte tous les aspects de la vie d’une personne. Cependant, avec un accompagnement thérapeutique approprié et un soutien empathique de la part de l’entourage et de la société, la guérison est possible. Il est essentiel que chaque victime soit reconnue dans sa souffrance et puisse avancer à son propre rythme vers une vie plus apaisée.
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